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Développement durable

Actualités du reporting de durabilité : quels effets pour les entreprises

Notre directrice Banque & Assurance et membre actif de la Commission Durabilité de la CNCC, Anne-Marie Jolys Bris nous explique en vidéo les grands changements 2025 liés au reporting de durabilité pour nos clients et pour le monde de l’audit et de la comptabilité.

Reporting de durabilité et greenwashing, existe-t-il un lien ?

Contrairement aux idées reçues, le reporting et la normalisation de ce reporting via la CSRD et les ESRS visent à éviter le greenwashing. Toutes les entreprises, au sein de l’Europe, suivent les mêmes principes et utilisent les mêmes définitions pour les indicateurs de performance. Donc en appliquant tous les mêmes règles, en calculant les indicateurs de la même manière, les pratiques de greenwashing sont justement limitées. De plus, l’analyse de double matérialité permet de définir les enjeux réellement matériels pour chaque entreprise. Cela évite que certaines communiquent sur des sujets de durabilité sans lien avec leur activité (ce qui est aussi une forme de greenwashing). Donc, au contraire, la réglementation et la normalisation permettent plus de transparence, et contribuent à prévenir le greenwashing.

Quelle approche de durabilité jusqu’à alors et dans le futur avec ces changements ?

Selon Anne-Marie, il est important de se rappeler que la durabilité est un engagement, de l’entreprise, de la société, vers un modèle plus pérenne. Jusqu’à début 2025, il était plus fréquent pour les entreprises d’aborder le sujet avec une vision « reporting » ou « conformité » ce qui sous-entendaient beaucoup d’éléments à prendre en compte dans un temps court. Repousser de deux ans l’obligation pour les vagues suivantes va permettre une transition plus progressive. Le reporting est l’aboutissement de cet engagement de durabilité, ce n’est pas le point de départ. Et le fait d’avoir voulu aller très vite, combiné à certaines formes de communication, a amené les entreprises à aborder ce sujet sous un angle purement conformité. Elles faisaient déjà beaucoup, mais ont voulu tout cadrer dans ce référentiel. Il y a certainement aussi un souci de langage et de pédagogie autour de ce sujet.

Que ce soit pour les entreprises comme pour les auditeurs, la durabilité est toujours d’actualité car les enjeux sont toujours là : le dérèglement climatique, les salaires décents, la souveraineté énergétique européenne… Le fait d’alléger le reporting obligatoire, la manière de le mettre en œuvre, de revoir les limitations permet de revenir à un véritable engagement en matière de durabilité.

Certaines entreprises resteront dans le champ d’application obligatoire. Et d’autres, même si elles en sortent, continueront leur démarche : elles ont déjà fait leur analyse de double matérialité, elles ont déjà rempli les exigences de conformité, et maintenant elles vont intégrer la durabilité dans leur stratégie. Beaucoup d’entreprises, quelle que soit leur taille, sont aussi intégrées dans des chaînes de valeur, sollicitées par leurs clients ou fournisseurs pour transmettre des indicateurs. Sans oublier les salariés et les financeurs qui exigent des preuves. Même si le reporting obligatoire est allégé, des normes de reporting volontaire vont être développées, mieux adaptées aux nouvelles attentes.

Quelles conséquences pour les auditeurs ?

Même s’il y aura peut-être moins de reporting obligatoire à auditer, les auditeurs BM&A continueront d’intervenir sur différents types de missions : diagnostics, attestations, accompagnement sur l’analyse de double matérialité… La loi Pacte a permis de l’intégrer dans le Code de commerce et les auditeurs pourront encore accompagner les entreprises des vagues 2 et 3 dans cette transition. Certaines sociétés continueront à produire des rapports volontaires, qu’ils pourront certifier (voir la partie Audit de notre pôle Développement durable), d’autres feront appel à eux pour des besoins spécifiques tels que des attestations pour des financeurs ou des banques dans le cadre de prêts bonifiés. Les auditeurs BM&A changent peut-être d’angle, mais restent dans leur cœur de métier : ils ont un rôle à jouer en tant que garants de l’intérêt général.

Point sur le développement des expertises des auditeurs

La durabilité fait, et fera, partie de l’avenir des entreprises, en France, en Europe, et même à l’international : la Chine travaille aussi sur ses propres normes. Les auditeurs doivent être en capacité de répondre aux dirigeants, de les accompagner et donc d’avoir la connaissance. Par ailleurs, pour tous les commissaires aux comptes inscrits avant le 1er janvier 2026, la formation est de 90 heures. C’est une opportunité. Et puis, pour les cabinets, c’est un élément d’attractivité. Cela permet d’attirer des talents, des jeunes engagés, ce qui n’est pas négligeable quand on sait les difficultés actuelles de recrutement. Donc oui, je les encourage à terminer leur parcours, ou à s’inscrire s’ils ne l’ont pas encore fait. Les formations continuent d’être proposées.

Pour résumer, le rôle de l’auditeur reste déterminant dans ce nouveau contexte. Ses missions couvrent :

  • L’audit des rapports volontaires ;
  • L’attestation des informations extra-financières pour les partenaires financiers ;
  • Les diagnostics, les attestations et l’accompagnement sur l’analyse de double matérialité

La comptabilité durable

La comptabilité durable1 reste une réalité. C’est son évaluation qui peut la faire paraitre complexe. Comment quantifier certains éléments, comme le capital humain, par exemple ? Ce sont des problématiques que l’on retrouve aussi dans les normes IFRS. C’est une évolution nécessaire, mais qui devra se faire progressivement. L’objectif est de se diriger vers une comptabilité tripartite, intégrant aussi la durabilité, pour pouvoir produire un reporting avec une piste d’audit fiable. Cela permettrait à la fois de publier des indicateurs clairs à destination du public, et aussi de guider les entreprises en interne, dans leur stratégie et leur pilotage. Donc oui, selon Anne-Marie Jolys-Bris, experte BM&A et membre actif de la Commission Durabilité de la CNCC, c’est une voie d’avenir.

Les experts BM&A accompagnent déjà les entreprises dans cette transition grâce à notre équipe Audit et Développement durable. Pour en savoir plus ou échanger sur le sujet, n’hésitez pas à contacter notre directrice experte Banque & Assurance Anne-Marie Jolys Bris ainsi que notre Associée Développement durable Marie-Cécile Moinier.

1 La comptabilité durable vise à mettre en cohérence la stratégie des entreprises en matière de durabilité, en leur faisant publier des informations sur les trois plans : environnement, économique et social