Transformation digitale & IA dans la Finance : retour d’expérience du cabinet
Erwan Lirin, PDG du groupe BM&A, partage notre approche des projets de transformation pour nos clients, mais aussi pour notre cabinet.
Quelle approche gagnante sur les projets de transformation digitale comme l’IA ?
– Une approche pragmatique et centrée sur l’exécution ➜ la connaissance des technologies et des cas d’usage est cruciale
– Une amorce avec des cas simples, rapides et efficients, qui permettront de s’approprier ces technologies pour gagner en confiance et ensuite complexité projets
– Un accompagnement par la formation, un esprit de patience et de progression
Et chez nous ?
Depuis 2018, la technologie est une priorité stratégique chez BM&A pour valoriser notre expertise. En témoigne geoficiency, la solution d’audit et d’investigation comptable dédiée à la détection proactive des risques et erreurs ainsi qu’à l’identification des leviers d’efficacité des processus, éditée par notre start-up interne.
Nos points d’ancrage à ce stade :
1. L’engagement de toutes les équipes métiers
2. La création de notre pôle technologique qui identifie et met en œuvre des cas d’usage
3. Le lancement de notre propre environnement IA sécurisé
Pour citer Erwan Lirin, nous ne cherchons pas à tout révolutionner, mais à toujours apporter un service de haute qualité à nos clients ; pour résumer : « les technologies et l’IA au service de la Finance ». Retrouvez l’interview ci-dessous en vidéo et la retranscription à la suite.
Comment les sujets de transformation digitale (IA, facturation électronique,…) sont abordés aujourd’hui dans les directions financières, dans les boards voire par les directions générales ?
« Nous observons deux moteurs :
- Le premier : les obligations réglementaires qui forcent les groupes à digitaliser leurs processus. C’est le cas de la facturation électronique, avec des obligations repoussées à plusieurs reprises, mais des échéances proches désormais : septembre 2026 pour les grandes entreprises, puis 2027 pour les PME et ETI.
- Le second : les évolutions technologiques majeures, avec une vraie accélération autour de l’IA. En parallèle, les directions financières manquent de ressources, ont du mal à recruter et fidéliser les équipes. On observe ainsi une accélération dans l’équipement des entreprises, devenu une priorité pour aller chercher de l’efficience et de l’efficacité opérationnelle. »
Comment une direction financière ou une direction générale peut travailler l’usage, l’appropriation de ces évolutions ?
« Au sein du cabinet, nous avons toujours une approche très pragmatique, très centrée sur l’exécution. Sur l’IA, il ne s’agit pas d’investir des sommes énormes dès le départ. Ce qui compte, c’est à la fois la connaissance des technologies et l’identification des bons cas d’usage.
Selon nous, pour réussir un projet d’IA, il faut partir sur des cas très simples. L’enjeu, c’est de se positionner dès maintenant sur une trajectoire. Nous sommes au tout début de l’IA, il y a eu énormément de promesses, quelques craintes mais aussi quelques déceptions. Dès que nous essayons, nous nous rendons compte que c’est souvent plus complexe que ce qu’on nous avait vendu. Cela fonctionne, le potentiel est énorme, mais cela demande du temps, comme toujours.
Ce que nous constatons aussi beaucoup chez nos clients : dès que nous mettons en place de nouvelles technologies d’IA, si ce n’est pas accompagné de formation, si on ne prend pas le temps d’accepter que ce ne sera pas parfait immédiatement, on obtient souvent une situation de rejet. Et le sujet est repoussé. C’est pour cela que nous préférons commencer sur des cas très simples, non chronophages pour les équipes — par exemple en production d’information financière, en contrôle. Nous visons des premières réussites. Ensuite nous monterons en complexité. Et ces premières étapes ne sont pas les plus coûteuses. »
Comment cela se passe t-il au sein d’un cabinet comme BM&A ?
« Depuis 2018, chez BM&A, la technologie est un sujet hautement stratégique. Nous faisons des métiers d’experts, nous vendons du temps, du conseil. Mais ce n’est pas suffisant. Nous estimons qu’il faut absolument coupler technologie et expertise. C’est pourquoi dès 2018, nous avons investi massivement pour développer notre propre solution de digitalisation et d’automatisation de l’audit. Aujourd’hui, celle-ci est portée par une start-up interne qui mobilise une vingtaine de personnes, avec une équipe de développement, etc. Cette solution permet de proposer à nos clients un outil automatique de contrôle des données comptables, de détection des risques, de fraudes, de red flags… Elle est déjà utilisée par une cinquantaine de groupes. C’est notre premier axe.
Nous nous sommes positionnés très tôt sur le big data, l’analyse de la donnée, et nous y intégrons des briques d’IA, de plus en plus pointues. Toujours dans une logique d’apprentissage. Nous ne cherchons pas à tout révolutionner du jour au lendemain. Il faut essayer, se tromper, corriger.
Ensuite, il y a une vraie transformation de nos métiers. Nos 350 professionnels chez BM&A doivent tous, à terme, intégrer l’IA dans leur pratique. Cela prend du temps : nous avons accueilli un expert en IA générative, monté une petite équipe, et construit notre propre environnement sécurisé. Parce que la confidentialité est un vrai sujet pour tous, chez nous comme dans toutes les entreprises. Avec l’IA, il y a toujours cette crainte de voir partir des données on ne sait où, d’utiliser des outils non sécurisés. Donc nous avons créé un environnement interne, sécurisé, avec notre propre ChatGPT notamment, qui permet à tout le monde de tester, d’apprendre, dans un bac à sable contrôlé. Ensuite, chaque practice identifie ses cas d’usage et les met en œuvre.«
Prenons un exemple : quel cas d’usage concret en Transaction Services illustre comment l’IA a été une aide pour vos équipes au quotidien ?
« L’IA, aujourd’hui, ne remplace ni le travail ni l’expérience de nos professionnels. Mais elle leur fait gagner beaucoup de temps. Avec notre solution interne, nous sommes capables d’automatiser toute la revue qualité des données comptables des cibles que nous analysons. Un travail qui nous prenait 3 ou 4 jours auparavant : aujourd’hui, on peut obtenir une première opinion en une journée. Nous intégrons les données, les analysons, et sommes capables de donner un premier niveau de lecture : est-ce que la comptabilité est saine ? Y a-t-il des anomalies ? Évidemment, il faut ensuite aller plus loin, mais ce gain de temps est considérable. Et ce temps économisé sur le « crunching » de données, est utilisé pour l’analyse : l’EBITDA, la performance, les projections, etc. Nous pouvons également brancher de la BI pour avoir des visuels plus précis. Du côté vendeur, cela nous permet de préparer des data rooms de très bonne qualité. Nous scannons tous les fichiers, regardons l’ensemble des données, les structurons pour que l’acheteur potentiel ait accès à une information claire. C’est très utile dans une transaction.
Cela a beaucoup de valeur aussi dans les VDD, car permet de mieux faire matcher l’offre et la demande. Nous utilisons bien sûr des bases de données existantes et d’autres solutions, mais l’apport de l’IA est intéressant pour alimenter nos réflexions. Il existe aujourd’hui plein de technologies, y compris pour estimer la valorisation de sociétés non cotées. Il y a des applications qui proposent ce type de solutions, que nous pouvons être amenés à tester.
Nous sommes centrés sur notre métier. Notre cœur de métier est la finance. Et l’IT et l’IA sont au service de la finance. «