Le Big de BPI France : entre un marché en quête de regain et un vivier d’entreprises florissant

Le 5 octobre 2023, la banque publique d’investissement (BPI), vouée au financement et à l’essor des entreprises, a réalisé sous la supervision de Nicolas Dufourcq, directeur général de BPI France, l’édition 2023 de son événement phare, le « BpiFrance Inno Génération » (plus communément connu sous l’acronyme « Big »). Ce rassemblement a permis de réunir entrepreneurs et investisseurs, à l’Accor Arena de Bercy, Paris.

Cette année, l’accent a été mis sur la création d’entreprises, notamment dans les secteurs de l’industrie et de la santé, mais aussi dans des domaines en lien avec la sobriété énergétique (développement durable), l’innovation technologique et la transformation numérique.

Un environnement favorable à l’innovation

BPI France, accélérateur à impact

Depuis sa création il y a 10 ans, BPI France est devenu un acteur incontournable de l’économie française. Ainsi, sous différentes formes, environ 70 000 entreprises sont financées par la banque publique chaque année et l’évènement « Big » est un catalyseur pour développer et dynamiser l’écosystème start-up en France. Ces dernières années, avec l’aide de dirigeants emblématiques, de nombreux programmes de financement et d’incubateurs ont vu le jour pour intensifier l’essor de nos start-up françaises.

Une France attractive qui s’appuie sur des piliers structurants

La France manifeste une volonté forte de favoriser l’innovation sous toutes ses formes. Pour asseoir sa stratégie, elle souhaite s’appuyer sur les trois piliers suivants :

1. l’augmentation de la compétitivité par des mesures fiscales incitatives – Il est prévu dès 2024 la création d’un crédit d’impôt pour l’industrie verte (C3IV). Signalons également l’augmentation du plafond du crédit d’impôt innovation qui est passé de 80 000 € à 120 000 € en 2023, la baisse de certains impôts historiques et la disparition progressive de la CVAE d’ici 2027 ;
2. l’investissement dans l’écosystème scientifique et technologique – Un soutien aux entreprises « early stage » sera facilité et si, le processus de candidature restera inchangé par rapport aux années précédentes, le choix de la « french tech » dans les appels d’offres sera privilégié avec le doublement de la commande publique ou privée ;
3. favoriser l’émergence et la rétention de talents – Un fort investissement dans la formation va être réalisé, notamment la création des métiers de demain (avec la réforme du lycée professionnel et l’accès facilité aux formations en apprentissage), mais aussi avec l’évolution de la formation dans l’enseignement général ou supérieur, permettant à terme de retenir nos talents.

Une France attractive qui s’appuie sur des programmes spécifiques

Selon la BPI, pour la 4^e année consécutive, la France est le pays le plus attractif en Europe. Fort de l’adage du Président de la République « Une France innovante, industrielle et décarbonée d’ici 2030 à 2050, encourageant l’esprit d’entreprise et d’entrepreneuriat », le soutien des pouvoirs publics s’est focalisé en 2023 sur les domaines suivants : la transition écologique (développement durable et énergies nucléaires et vertes), la souveraineté industrielle (production locale), la deeptech (intelligence artificielle et informatique quantique). L’objectif est aussi de favoriser l’exportation des solutions innovantes françaises dans le monde entier. En définitive, la volonté de relocaliser la valeur ajoutée en France avec la « French Tech », d’une part, et de faciliter l’export de nos solutions à l’international, d’autre part, est clairement affichée.

Le « Big » a été l’occasion de présenter, à nouveau, les deux programmes clés pour soutenir cette dynamique, avec un cap à moyen terme autour de « France 2030 » et une vision à plus long terme pour 2050.

Ces deux programmes prévoient des investissements massifs dans tous types de sociétés et dans divers domaines, tels que les transitions écologique et numérique, avec une fiscalité propice existante ou à venir. Ces financements seront destinés à des entreprises stables et en croissance, mais aussi à des sociétés dites « early stage » (start-up et scale-up), avec un investissement plus risqué pour maximiser les leviers de rentabilité. Ce dispositif a été mis à l’épreuve ces dernières années et semble porter ses fruits.

Quid du financement des start-up ?

Dans un contexte macro-économique difficile, avec des incertitudes géopolitiques croissantes et une inflation persistante, l’équilibre financier des start-up reste fragile et la difficulté de financement est réelle. Toutefois, les levées de fonds des start-up industrielles françaises se maintiennent ou atteignent des niveaux encore élevés. A titre d’illustration, nous citerons la levée de fonds record réalisée en septembre dernier par la société Verkor (de l’ordre de 2 milliards d’euros) pour « construire sa Gigafactory en France et accélérer le futur de la mobilité durable »¹.

Le financement privé reste essentiel pour les start-up. A ce titre, soulignons l’initiative Tibi, un fonds créé début 2020 afin d’augmenter la capacité de financement des entreprises technologiques, en mobilisant l’épargne des investisseurs institutionnels. La première phase a permis de mobiliser 6 milliards d’euros pour les entreprises technologiques jusqu’à fin 2022. Pour la seconde vague (2023-2026), il est prévu une enveloppe de 7 milliards d’euros.

Enfin, selon l’étude de la société Avolta² , même si une baisse générale moyenne des valorisations sur 2023 est constatée, les start-up dans l’énergie se maintiennent à peu près au niveau de 2022, lorsque celles du transport et des semi-conducteurs sont en croissance, voire hyper-croissance (+14% pour le transport et + 119% pour les semi-conducteurs.)

¹ Site de Verkor : actualité du 14 septembre 2023.

² Avolta Alantra Group, VC & Exit Multiples France 2023.